C'est aujourd'hui, le 6/10/2002 que prend fin mon carnet de route, ce fidèle compagnon qui m'a suivi cinq mois durant et que je n'ai délaissé que durant les sept semaines passées à Mayotte et lorsqu'Audrey était là. Tous les jours (soir, matin ou dès que j'avais un moment de libre) je le prenais pour y décrire mes journées, mes découvertes, mes émotions ...

 Au début timidement, puis petit à petit mes phrases se sont allongées, le texte de mes journées aussi, jusqu'à en devenir très détaillé (certainement trop mais l'essentiel est là). Sur ces longues lignes manuscrites, je reviendrais pour en tirer résumés et essence même de mon voyage. Les détails innombrables décrits ou non décrits mais restés dans un coin de ma tête resteront pour moi et referont surface parfois au détour d'une route, d'un chemin, par le biais d'une odeur particulière, d'une scène de vie ou de toute autre chose qui fait que l'humanité est universelle et que toutes les cultures, tous les peuples, plus ou moins riches, plus ou moins développés, sont certes très différents mais tous parallèles ...

 

Le voyage prend fin dans ce train qui me ramène à Clermont-Ferrand, ma ville, ma région, là où je me suis construit et d'où je suis parti pour continuer ma vie, mon chemin, pour continuer à me chercher. Voilà, le voyage est fini mais il se poursuivra par des photos, des récits, des souvenirs. M'aura-t-il changé, je n'en sais rien, peut-être, peut-être pas, je crois surtout que c'est les autres qui me le diront ....

Il n'a pas été facile tous les jours, le début a été laborieux, mais peu à peu j'ai appris à aimer ce rythme de vie du voyage, si différent... Rythme qu'il va me falloir délaisser, pour en retrouver un plus conventionnel ; la vie est un perpétuel changement, une perpétuelle adaptation...

Ce n'était ni une aventure, ni un exploit juste un voyage comme tant d'autres en ont fait, rien de particulier à mon épopée, rien d'insensé, rien d'extraordinaire, simplement ce désir de partir, d'aller voir ce qui se passe ailleurs, d'aller à la rencontre de l'autre ..., et aussi de me chercher. Tout cela a fait qu'un beau jours de Mai, j'ai pris un train pour Paris puis un avion pour Johannesburg, pour ne boucler la boucle que 5 mois ou presque plus tard...

 

Cette boucle je l'ai bouclé hier.

Repartirais-je un jours ? Je le crois ; différemment-autrement-accompagné sûrement, mais je le crois ...

Lorsqu'on a goutté à cette LIBERTÉ du voyage, il est difficile de s'en délier ...

Hier soir je crois bien que j'ai pleuré un peu, en tout cas je n'ai pas dormi ou juste sommeillé, tout se bousculait dans mon esprit et je crois aussi que j'avais peur, peur de laisser cette vie qui m'avait adopté, que j'avais adopté..., peur de reprendre le cours normal des choses sans cette saveur de l'inconnu, du différent, de l'original...

 

Mais n'est-ce pas là ma quête depuis longtemps déjà?? Partir vivre en mobil-home ou en camping-car ; loin du confort de la vie moderne auquel je pouvais légitimement aspiré mon diplôme en poche ; n'allez-t-il pas finalement dans le même sens ?

Ma voie a été tracée, d'elle même, depuis ma naissance jusqu'à mon diplôme, elle a suivi le chemin que lui intimait la société de suivre... Ensuite, c'est simple, j'ai décidé de suivre ma propre voie, de m'écarter du chemin tout tracé pour m'en créer un bien à moi.

Ce n'est pas facile, ça ne l'a pas été et ça ne le sera pas par la suite, mais se libérer des carcans d'une société qui vous emprisonne dans son "way of life" du bonheur n'est pas si simple, c'est un luxe... Trouver ma liberté, mon "way of life" (le mien et pas celui qui m'est imposé...) ne sera pas facile. Le chemin sera semer d'embûches, de consensus, de contraintes, mais je m'appliquerai à me le construire avec celle que j'aime.

 

Foi d'un voyageur encore débutant...

 

Sébastien DEMANECHE

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